Le résultat des élections européennes a surtout confirmé les conséquences de politiques économiques et sociales insuffisantes depuis trop longtemps pour répondre aux besoins fondamentaux de millions d’habitant-e-s dans notre pays. Aux premières loges de la pauvreté, les Jardins de Cocagne constatent depuis des années une dégradation de la situation des personnes, physiques et mentales, accentuée par une stigmatisation de plus en plus forte. Les Jardins de Cocagne accueillent – sans condition – toutes les personnes éligibles à un parcours d’insertion sur un itinéraire exigeant, le maraîchage. On y trouve des françaises et français chômeurs de longue durée, au RSA, tout comme des populations de réfugiés statutaires de tous les pays. Toutes et tous décrivent des aspirations fondamentales à une vie de famille décente, une éducation pour leurs enfants, l’accès aux soins et font preuve de persévérance pour s’intégrer par le travail.
Face à la menace, le Réseau Cocagne appelle à la mobilisation citoyenne pour les élections législatives.
Aujourd’hui, les travailleurs et travailleuses socia-ux-les sont eux-elles mêmes précarisé-e-s alors qu’ils-elles s’engagent, parfois au péril de leur santé et de leur vie de famille, pour faire vivre la solidarité dans les zones rurales, les quartiers populaires, les zones péri-urbaines, autant de territoires dits « périphériques » où vit pourtant une majorité de la population. Ils font partie de ces travailleurs de la première et deuxième ligne, jugées essentielles lors du COVID, et vivent souvent ce que ressentent des habitant-e-s désabusé-e-s des promesses non tenues, des représentations faibles ou erronées de leur vécu quotidien. Celui d’une exclusion du travail ou de sa précarisation accélérée, d’une indignité largement partagée quant aux conditions du travail et du sens même de celui-ci.
Sur les Jardins de Cocagne, ces populations accompagnées, françaises en situation précaire, ces travailleurs pauvres, croisent des populations issues des quartiers, des pays de migrations subies. Ensemble, parfois antagonistes dans leurs perceptions de l’autre, ils-elles apprennent à se connaître et à travailler ensemble. Cette solidarité en actes contredit tous les discours stigmatisants sur leur volontaire exclusion du travail, leur opportunisme du pays généreux. L’adversité, ils la travaillent tous les jours, aux champs, dans les serres, sur les marchés. Ils-elles sont soutenu-e-s par des habitant-e-s abonné-e-s des paniers, parfois des paniers solidaires quand ils-elles sont éligibles à l’aide alimentaire ; ensemble ils-elles élargissent les cercles de solidarité, soutenus par des associations de solidarité, des centres communaux d’action sociale.
Voilà la France du travail solidaire qu’on ne montre pas à la télévision, ou si rarement, et qui contredit les discours de haine et de clivages préfabriqués pour d’autres desseins, ceux du rejet de l’autre, du libéralisme échevelé au profit de ceux qui veulent que tout change pour que rien ne change.
Le Réseau Cocagne rejoint toutes les mobilisations politiques, syndicales et citoyennes qui veulent placer les vrais sujets au cœur du débat électoral vers une démocratie sociétale, construite avec les citoyen-ne-es organisé-e-s, les organisations professionnelles, les collectivités locales.
Cette France là n’a pas attendu les résultats des élections législatives pour proposer de fédérer concrètement les énergies pour répondre aux grandes fonctionnalités de la vie comme se former, adulte, avec une éducation populaire politique, accéder à des biens de consommation issus des ressourceries et recycleries, diffuser des mobilités douces au plus près, nourrir sainement par l’auto-production et les circuits courts solidaires, se loger avec un accompagnement à l’auto-construction, réparer sa voiture dans un garage solidaire et ses objets en repair-café, faire culture dans un tiers-lieux solidaire ou se fabriquer des outils en 3D, etc.
L’émancipation de tout-.e-.s nécessite une réévaluation du partage des fruits du travail et une reconnaissance des savoirs collectifs et partagés produits par le travail, là où vivent les gens, là où ils font culture(s) et identité(s) des territoires. Le Réseau Cocagne se situe à cet endroit.
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