Qu’est-ce qu’un Jardin de Cocagne ?
En quelques mots, ...
Un Jardin de Cocagne allie 2 fonctions :
- Contrairement à ce que son nom laisse penser, c’est une véritable ferme, souvent maraîchère, certifiée Agriculture Biologique.
- Cette ferme a le statut d’association et porte un Atelier Chantier d’Insertion (A.C.I) dont le but est d’accompagner vers le retour à l’emploi.
Ainsi, par la production de légumes biologiques, vendus en circuit-court sous forme de paniers hebdomadaires à un réseau d’adhérents-consommateurs, ou par des activités économiques environnementales (espaces verts, filières alimentaires biologiques, éducation à l’environnement, … ), les Jardins de Cocagne favorisent le retour à l’emploi de femmes et d’hommes en situation précaire et leur permettent de (re)construire un projet professionnel et personnel.
> Mieux comprendre en 30 sec : c’est quoi un Jardin de Cocagne ?
Une ferme bio en insertion
Les Jardins de Cocagne sont des exploitations maraîchères biologiques, à vocation d’insertion sociale et professionnelle. Ils ont généralement le statut d’associations loi 1901 sans but lucratif et existent principalement sous forme d’Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI).
Les ACI sont sous convention avec les DREETS locales (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) avec qui ils définissent le nombre de salariés en Equivalent Temps Plein (ETP) qu’ils pourront accompagner chaque année.
Ces salariés dits « en parcours d’insertion » se voient proposer par l’Atelier Chantier d’Insertion un Contrat à Durée Déterminée d’Insertion (CDDI), contrat d’une durée minimale de 4 mois, renouvelable, jusqu’à 24 mois maximum. Durant cette période, les salariés en parcours sont accompagnés pour sortir de situations personnelles ne leur permettant pas de travailler (surendettement, addictions, logement insalubre, absence de permis de conduire, non maîtrise du français, niveau de qualification insuffisant, …) et construire un nouveau projet professionnel (immersions en entreprises, stages, formations, …).
Les ACI bénéficient d’aides pour accomplir cette mission d’accompagnement social et professionnel et doivent rendre des comptes aux DREETS locales.
Quelles compétences mobiliser
pour créer ou piloter un Jardin de Cocagne ?
A la jonction de l’action sociale et de la production agricole, un Jardin de Cocagne est en dialogue constant avec les politiques de l’emploi, de lutte contre la pauvreté et le secteur professionnel agricole. Il fonctionne grâce à une équipe de permanents dont les compétences sont complémentaires :
- la direction (animation de la gouvernance associative, gestion administrative, développement du projet, stratégie économique et management d’équipe) ;
- l’accompagnement socioprofessionnel des salariés en parcours d’insertion, métier en constante mutation, en prise avec les évolutions du monde du travail et des situations de précarité ;
- l’encadrement technique des équipes de salariés en parcours, point de jonction entre la mission d’insertion et la production, avec une mission d’intégration des nouveaux salariés en parcours au sein de l’équipe et de formation en situation de travail ;
- la production agricole et plus particulièrement le maraîchage bio diversifié, très technique et exigeant ;
- la commercialisation dans une logique d’implication des consommateurs qui sont invités à sortir de la posture de « client » pour devenir acteur du projet social du Jardin.
- Et, depuis quelques années, l’animation du Bien Vivre Alimentaire, autour des questions de l’accès de toutes et tous à une alimentation de qualité et l’animation d’ateliers cuisine, jardinage, …
- les travaux dans les champs, la livraison, la vente, la transformation de produits alimentaires, … sont assurés par une équipe de salariés en parcours d’insertion qui sont formés à ces métiers de l’agriculture et de l’alimentation, tout en étant accompagnés sur le projet professionnel à travers des formations, stages en entreprise, …
Quels investissements prévoir
et de quelles conditions matérielles disposer ?
30 ans de retours d’expériences ont montré qu’il n’y a pas de « Jardin type » avec un modèle clé en main garantissant sa viabilité. Malgré tout, il est important de prendre conscience d’investissements inévitables pour démarrer un Jardin de Cocagne. On estime qu’un Jardin de Cocagne doit disposer à terme de certaines caractéristiques minimum suivantes :
- une surface agricole utile d’au moins 4 ha, compatible avec la certification AB, irriguée, de bonne qualité agronomique, accessible pour les personnes en insertion et qui comptera à terme au moins 10 % de surfaces couvertes (serres) ; un bâtiment multifonctions d’une surface minimale de 100 m2 pour la partie sociale et 150 pour la partie agricole et technique
- 4 à 6 ETP permanents (pour les fonctions de direction, de gestion, de production (chef-fe de culture), d’encadrement technique, de commercialisation et d’accompagnement socioprofessionnel) ;
- 13 ETP CDDI à conventionner avec la DREETS
- Un objectif de chiffre d’affaires de 140 000€/an, atteignable dans un délai de 4 à 7 ans après l’ouverture du chantier ;
- Un Budget Prévisionnel Investissements matériels moyen de 300 000 € sur les trois à quatre premières années dans l’hypothèse d’un démarrage à partir d’une parcelle nue (hors construction ou rénovation d’un bâtiment).
Ces « pré-requis » doivent nécessairement être modulés en fonction des enjeux territoriaux particuliers et s’inscrire dès le départ dans une trajectoire évolutive.
Dans quel contexte territorial s’inscrire ?
Les pré-requis en termes de compétences et d’investissements mobilisés listés ici ne suffisent pas à garantir un modèle économique viable pour le Jardin : la montée en charge du chiffre d’affaires légumes est progressive et ne couvre jamais totalement les besoins en fonctionnement. D’où la nécessité dès le départ de s’assurer de soutiens publics de long terme sur le fonctionnement du Jardin et de penser une diversification pour assurer des équilibres moins dépendants de la seule production agricole.
Aucun Jardin de Cocagne ne ressemble à un autre et chaque Jardin cherche à apporter une réponse singulière et adaptée aux problématiques et aux ressources de son territoire d’implantation : jardin en milieu rural ou péri-urbain, indépendant ou adossé à une structure ensemblière d’insertion, installation sur une petite surface ou sur plusieurs sites ou sur des surfaces supérieures à 10 ha, développement d’activités de diversification (transformation et logistique, animations pédagogiques et agriculture urbaine, tiers-lieu, espaces verts, diversification agricole, agro-tourisme, espaces-tests agricoles, etc.), etc.
C’est dans l’ancrage territorial et la pertinence de la réponse apportée aux situations locales que peut se construire un modèle économique viable pour le Jardin. C’est notamment pour cela que les Jardins de Cocagne sont d’abord des projets à construire collectivement, avec les habitant-e-s, les collectivités, les acteurs associatifs et économiques du territoire.