L’alimentation durable au quotidien, pourquoi ? comment ?

Dans le cadre du partenariat avec Edenred, Laure Tocher, chargée des partenariats a répondu à quelques questions. L'occasion, pour le Réseau Cocagne, de faire le point sur les enjeux agricoles et alimentaires et pour donner sa vision d'une alimentation durable accessible à toutes et tous.

Qu’est-ce que l’alimentation durable ?

L’alimentation durable, c’est un terme qui rassemble l’ensemble des pratiques alimentaires qui visent à nourrir les êtres humains en qualité et en quantité suffisante :

  • dans le respect de l’environnement et la santé,
  • en étant accessible économiquement pour toutes et tous et rémunératrice sur l’ensemble de la chaîne alimentaire (en 1er lieu les producteurs).

Quelles sont les enjeux des années à venir pour le monde de l’agriculture ?

  • Tout d’abord, l’agriculture devra être résiliente aux aléas et aux changements climatiques.
  • L’agriculture devra réduire drastiquement ses émissions de de gaz à effet de serres, à travers la relocalisation des filières alimentaires et à travers un mode de production qui préserve les ressources (eau, sols, biodiversité) mais aussi à la santé. Sur ce point, il est désastreux de constater que le seul mode de production agricole reconnu et labellisé pour ses pratiques agro-environnementales, à savoir l’Agriculture Biologique, est aujourd’hui en perte de vitesse. La politique agricole doit soutenir les impacts positifs de l’agriculture biologique sur notre santé et sur l’environnement.
  • Les conditions sociales de la production agricole doivent être interrogées : les conditions de travail, aux champs, et la question du prix juste et rémunérateur pour les producteurs ;
  • car l’on s’achemine vers le plus complexe des défis de notre souveraineté alimentaire : le renouvellement des générations agricoles.  45% des agriculteurs vont cesser leur activité d’ici à 2026 notamment pour cause de départ à la retraite. L’enjeu ici est la reprise des fermes et du maintien du nombre d’agriculteurs. Au-delà des conditions sociales pour rendre ce métier attractif, se posent des enjeux d’accompagnement et de formation de personnes non issues du milieu agricole. En effet, 60% des candidats à l’installation agricole aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole.
  • Enfin, l’accès de toutes et tous à une alimentation de qualité doit devenir une priorité. On ne peut pas laisser les files d’attente devant les banques alimentaires s’allonger indéfiniment !

Les Jardins de Cocagne sont positionnés sur ces enjeux : ce sont des fermes maraîchères, en insertion, certifiées AB, qui produisent et distribuent des légumes bio à des adhérents du territoire. La vente directe et le système d’abonnement à un panier hebdomadaire permettent de maintenir un prix accessible sans casser les prix sur le dos des agriculteurs. Par ailleurs, le programme Paniers Solidaires permet de proposer des tarifs moindres pour ceux qui en ont besoin grâce à un dispositif de co-financement.

Enfin, les Jardins de Cocagne forment les salariés en parcours d’insertion aux métiers de la transition agricole et alimentaire. Certains, même, vont plus loin en proposant des parcours de formation – action qui permettent d’accompagner des salariés en parcours d’insertion vers l’installation agricole. En 2 ans, les personnes sont aptes à reprendre une ferme et à gérer une exploitation agricole.

Quels sont les conseils que vous donneriez à des personnes qui veulent passer à une alimentation durable ?

Revenir à une cuisine simple ! Il est possible de se préparer un repas avec ce qu’on a dans le frigo sans passer des heures en cuisine. Nous sommes trop soumis au marketing qui nous incite à aller vers des produits tout prêts, ultra transformés. Le premier conseil est d’éviter au maximum les produits industriels transformés et de favoriser les produits bruts, le vrac. Vous rendrez service à votre santé et à l’environnement !

Ensuite, privilégier la qualité, ce que vous économiserez sur la non consommation de produits ultra marketés, investissez-le dans des aliments labellisés bio, locaux, goûteux, des fruits et légumes récoltés à maturité, de la viande issue d’élevages bio, de plein air, quitte à en manger moins.

Concernant les lieux d’achat, il est vrai qu’il est plus simple, plus rapide, de se rendre au supermarché le plus proche. Mais aujourd’hui, tout un panel de propositions en vente directe ou de produits locaux, bio   maillent les territoires : aller voir la carte des Jardins de Cocagne, sur notre site reseaucocagne.org, ou le site des AMAP, des GAB (groupements d’agriculteurs bio) et tant d’autres !

Et enfin, amusez-vous, faites des essais, des plats à base de légumineuses ? du gâteau au chocolat à la betterave ? C’est farfelu ? Un truc d’écolos ? Essayez et choisissez ce qui vous plaît ! Personnellement, j’adore le « houmous » de betterave en apéro. En manque d’inspiration ? Allez sur notre page reseaucocagne.org/mangerbiosolidaire/, il y a plein de recettes !

Quels sont vos enjeux pour accompagner votre réseau de Jardins et vos bénéficiaires ?

Nous faire un don, bien sûr, via notre module de dons ou via vos titres restaurant que vous avez en trop !  L’argent, c’est le nerf de la guerre, nous avons besoin de soutien car les actions des Jardins de Cocagne se situent dans le champ de l’intérêt général et de la non lucrativité. Alors bien sûr, cela nécessite le soutien de tous les citoyens et acteurs qui le peuvent !

Mais ce n’est pas tout, cela passe aussi par l’engagement bénévole au sein des Jardins de Cocagne, l’abonnement à un panier hebdomadaire de légumes bio, le relais pour nous aider à nous faire connaître, faire connaître le système des paniers Cocagne, valoriser tout l’intérêt du Jardin de Cocagne local auprès des élus du territoire.

Bref, nous avons besoin que la population arrête de déléguer le contenu de son assiette à une poignée d’industriels et se préoccupe de ce qui existe sur son territoire pour prendre part à la transition alimentaire ! Sans oublier de changer de regard sur une alimentation bio qui serait réservée aux riches, tandis que les plus pauvres pourraient se contenter de manger, peu importe la qualité ! Le système alimentaire en France doit être pensé par et pour les personnes en situation de précarité, il s’agit là d’un enjeu de santé publique, de dignité et de cohésion sociale !

Vous voulez prendre part aux débats ? Rapprochez-vous du Jardin de Cocagne le plus proche de chez vous et abonnez-vous à notre newsletter !